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Le théâtre du Plaza

Plaza Quiconque traverse Rose-Hill, la deuxième ville de Maurice, ne peut manquer d’admirer en son centre ses quatre plus beaux monuments qui, réunis dans un même périmètre, forment un quadrilatère exceptionnel de beauté et d’histoire. En effet, sont regroupés en cet espace l’église catholique de Notre Dame de Lourdes érigée en 1890, la chapelle du Montmartre mauricien datant de 1940, la vaste et ancienne demeure coloniale connue sous le nom de Maison Carné et l’édifice municipal abritant le théâtre du Plaza.


Histoire du site

Le théâtre du Plaza fait partie d’un complexe municipal dont la construction fut décidée en 1927 en réponse, entre autres, à une pétition des habitants de la ville réclamant que soit construite « une salle de spectacles digne de l’importance toujours grandissante » de l’agglomération. » A cette période, en effet, une seule salle permettait d’accueillir décemment les troupes lyriques qui chaque année faisaient le déplacement sur l’île Maurice, à savoir le théâtre sis dans la capitale, Port-Louis. Par conséquent, lors de performances en dehors de la capitale, les troupes devaient se contenter de salles de cinéma aux scènes exigües et à l’acoustique inadapté. En même temps, la commission administrative chargée de la gestion de la ville ne disposait ni d’un local permanent ni de bureaux adéquats, adaptés aux besoins en expansion.
Un concours national eut pour aboutissement le choix de la structure actuelle, à savoir trois corps de bâtiments surélevés, entourés de marches en pierre brut reliés tout en étant indépendants les uns des autres et abritant une aile composée de bureaux destinés à l’administration urbaine, une deuxième aile offrant une vaste salle des fêtes pouvant recevoir bals et banquets et équipée de vestiaires et un corps principal dans lequel est aménagé le théâtre.

Un projet ambitieux réalisé avec succès

projet Plaza : façade projet Plaza : coupe longitudinale

D’emblée, le projet - ambitieux dans son ensemble - l’est encore plus pour son théâtre et le fait est qu’il demeure aujourd’hui encore un des plus beaux et des plus grands du sud-ouest de l’océan Indien. Construit dans le style à l’italienne et bénéficiant par là de qualités acoustiques appréciables, il peut accueillir jusqu’à 1500 personnes avec ses 54 loges, ses 450 sièges en première classe, ses 422 places de seconde classe, ses 426 de troisième classe et son promenoir prévu pour 100 personnes.
L’espace réservée à la scène (tournante depuis les années 1970), aux artistes et aux machinistes est aussi vaste que celui du théâtre et permet, de maximiser les spectacles tant en profondeur qu’en hauteur. Grâce aux conseils experts d’un impresario français Louis Tharaud vivant alors à Rose-Hill, certains défauts de construction qui auraient pu être préjudiciables au bon usage scénique ont pu être évités !

L’inauguration du 27 mai 1933

inauguration

Il était prévu qu’un opéra ou une opérette – dont la mise en scène aurait été confiée à l’expert Louis Tharaud - inaugure ce lieu dont la construction et l’achèvement prirent cinq années avec – entre autres – un cyclone violent et dévastateur ! Mais les réalités budgétaires eurent raison des plus audacieuses attentes : ce fut une comédie musicale, certes, mais dans sa version cinématographique qui inaugura les lieux. Avec, certes, des interprètes prestigieux : tirée de l’opérette Rêve de valse d’Oscar Straus, cette comédie intitulée Le lieutenant souriant et tournée en 1932 rassemblait des interprètes prestigieux : l’inégalable Maurice Chevalier, la pétulante Myriam Hopkins et la non moins séduisante Claudette Colbert !

Et en attendant que des troupes se succèdent sur la scène, l’exploitation fut confiée à une compagnie qui l’utilisa en tant que salle de projection publique et lui donna le nom de … PLaza !

Le Plaza : pièce essentielle de la vie théâtrale locale

La première troupe théâtrale à s’y produire a été, dès 1932, une troupe mauricienne, le Mauritius Dramatic Club, interprétant en anglais des pièces du répertoire anglophone allant de drames shakespeariens à des comédies et/ou des pièces policières.
Très vite, allaient se succéder des spectacles répondant à tous les genres du spectacle vivant et s’exprimant dans des langues variées quoique majoritairement en français et en anglais : pièces classiques, drames, comédies, opérettes, opéras, troupes de music-hall, ballets, danses traditionnelles notamment indiennes, festivals, démonstration de culturistes, défilés de mode, séances de magie, …
Ces soirées n’étaient pas seulement le fait de troupes étrangères, mais également et souvent des propositions de troupes locales. Et, parallèlement aux projections cinématographiques qui n’ont jamais cessé depuis l’ouverture et rassemblaient les cinéphiles des environs, les trois coups du brigadier annonçaient très régulièrement le lever du rideau rouge qu’attendait avec impatience un public de passionnés de la scène.
Les premières pièces mauriciennes à y être jouées furent, dans les années 50, Mirages et Iscariote d’Arthur Martial, puis La Verrue d’André Masson et Judas de Malcolm de Chazal en 1960.

Et derrière la scène…

Au fil des ans une expertise de haut niveau s’est instaurée derrière la scène. Sous la houlette d’un responsable des décors, Serge Constantin, également peintre, formé aux grandes écoles d’art de Londres et de Paris, machinistes, électriciens et décorateurs apportaient leur contribution anonyme à la féerie qui faisait vibrer les spectateurs.

Ce texte est inspiré de l’excellent ouvrage de G. André Decotter intitulé Le Plaza : un demi-siècle de vie théâtrale (1990)