INTERPRETATIONS DES PÊCHEURS DE PERLES A MAURICE

Au long de la longue et passionnante histoire du théâtre lyrique à Maurice, Les Pêcheurs de Perles de Georges Bizet n’a été interprété que deux fois et chaque fois dans une optique différente.

La première représentation de cet opéra remonte au mardi 5 août 1958 par une troupe composée par le Mauricien Max Moutia et comprenant des solistes provenant de l’Opéra-Comique de Paris, des Opéras de Lyon, Strasbourg, Nice, Genève, Montpellier, Alger, de la Gaité Lyrique ainsi que douze choristes et cinq musiciens. La Troupe Moutia commença sa saison par l’interprétation de Carmen le lundi 13 juin 1958 et, dès le lendemain, la critique applaudissait aux performances des uns et des autres. Les autres œuvres au programme de cette saison qui se partageait entre le Théâtre de Port-Louis et le Plaza de Rose-Hill furent : La Veuve Joyeuse, Faust, Valses de Vienne, La Tosca, La Chaste Suzanne, Rêve de Valse, Les Cloches de Corneville, Werther, Chanson d’amour, La Vie de Bohême, Pas sur la Bouche, Princesse Czardas, Le Comte de Luxembourg, Paganini, Le Pays du Sourire, Quatre jours à Paris, Les Mousquetaires au Couvent, Les 28 jours de Clairette, Andalousie, …

Bien que Les Pêcheurs de Perles n’ait été représenté que trois fois vers la fin de la saison, cela ne constitue pas moins une grande première. Le quotidien Le Mauricien se répandit en éloges pour l’interprétation brillante de Richard Gaillan (Nadir) et Mathilde Siderer (Leila). « Monsieur Gaillan a une voix généreuse, d’un moelleux très doux dans la demi-teinte. (…) Mlle Siderer fut une Leila délicate et tendre à souhait. … La voix est satinée, souple ; si elle manque un peu de conviction dans les trilles qui ne roucoulent pas assez, elle se rachète par une envolée qui a la grâce énergique d’un coup d’aile… » Mêmes éloges et critiques positives à l’égard des autres personnages principaux : Paul Louino = un Zurga de qualité ; Jean Mathieu = un Nourabad sacerdotal… Seule ombre au tableau : « Le corps de ballet devrait faire plus attention aux mouvements d’ensemble qui laissaient à désirer. »

Il faudra attendre le mois d’octobre 1991 pour que Les Pêcheurs de Perles soit de nouveau proposé aux mélomanes mauriciens. Cette fois, l’œuvre sera «mauricianisée»! En effet, Michel Ballet, qui réalisait son troisième opéra à Maurice après La Traviata et Carmen, choisira de situer l’intrigue à Mahébourg et de rebaptiser certains personnages : Nadir devient Navin alors que Zurga devient Rama et Nourabad, Suresh. ! Leila se trouve être originaire de Crève-Cœur. Le vieux temple est sur la montagne du Lion. L’orchestre de la Police accompagnait l’ensemble.